Submitted Abstract
Le livre écrit une histoire de la psychiatrie au 20e siècle en changeant d’échelle d’analyse : non pas une histoire des psychiatres, non pas une histoire de la pensée psychiatrique, non pas une histoire nationale des institutions psychiatriques, mais une microhistoire des pratiques psychiatriques, des hiérarchies institutionnelles, des marges de manœuvres des différentes personnes insérées dans cet espace particulier. L’approche envisagée permet de découvrir des acteurs encore largement exclus du récit historiographique sur la psychiatrie comme les patients mais également les infirmières, assistantes sociales… Elle permet de revisiter les grands thèmes de l’historiographie de la psychiatrie comme l’organisation spatiale ou la relation entre pouvoir et savoir, elle revisite la chronologie notamment l’apparente rupture de l’introduction des neuroleptiques dans les années 1950 et s’interroge sur la psychiatrie « hors les murs » à partir des années 1960. L’archive retenue – les dossiers de patients – fournit un matériau exceptionnel pour aborder la psychiatrie en tant que pratique. L’organisation du travail, l’appropriation du savoir psychiatrique, le regard clinique, l’expérience de la maladie mentale par le médecin et le patient sont encore trop souvent décrits et analysés à partir de rapports de médecins ou de la littérature publiée dans les revues psychiatriques. La descente à l’échelle micro laisse apparaître tout l’écart, le décalage entre discours et pratique, entre représentation d’un champ et sa mise en application.Le travail s’inscrit dans une narration qui se libère d’une historiographie sur la psychiatrie encore souvent enfermée dans une approche hermétique : progrès médical ou disciplinarisation carcérale. Combinant microhistoire et sciences studies, il espère participer à une historicisation d’un objet difficile à appréhender mais particulièrement riche pour une histoire du 20e siècle par les marges